Performances

Carbone

Impact carbone

Comparatif des solutions

Au-delà de prouver qu’un bâtiment patrimonial correctement restructuré, peut atteindre une très haute performance énergétique, il est essentiel que cette performance soit obtenue avec le plus faible impact carbone possible. La préservation des ressources naturelles, comme la réduction des émissions de CO², est indispensable au maintien de l’équilibre fragile de notre monde. Ce sujet très actuel est absolument primordial, devant l’accélération du changement climatique et ses conséquences à l’échelle planétaire.

Il est maintenant une évidence que construire tel que nous l’avons fait depuis de nombreuses décennies, n’est plus une situation viable au regard de cette problématique climatique. S’il n’y a plus à s’interroger quant à l’impact carbone de l’acte de construire, le poids du rejet de CO² des matériaux traditionnels trop fortement carbonés (béton, acier, dérivés plastiques, etc …), impose une réflexion immédiate sur l’utilisation de substituts nettement plus vertueux. Pour ce faire, et même si l’industrie recherche toutes les solutions pour décarboner ses produits les plus sensibles, il est évident que les matériaux bio et géosourcés, offrent naturellement une solution simple, immédiate, inépuisable si correctement gérée, très souvent locale, recyclable et sans incidence sur la santé, ni le climat.

Alors devant ce constat, comment ne pas réfléchir à leur intégration maximale dans tous les projets, qu’ils soient de construction, comme de restructuration/rénovation. En se donnant la peine de vérifier à une échelle locale, la présence de productions et de savoir-faire sur ces thèmes, on ne peut qu’être surpris de constater que les savoirs ancestraux ont perduré, aussi bien dans la compétence de nombreux artisans passionnés, que dans des fabrications locales ancestrales, comme par la création de plus en plus industrialisée de nouveaux produits naturels.

Dans le cas d’un bâtiment patrimonial, l’usage de matériaux naturels (éléments structurels bois, isolation biosourcée, terre crue, chaux, enduits minéraux, cloisonnement bois / terre, …), devrait s’imposer de fait, afin de conserver le caractère patrimonial du lieu, et privilégier par la cohérence des matériaux utilisés, la qualité de la restructuration. De ce fait, l’intérêt d’intégrer également la capacité inertielle d’un tel bâti est essentielle, afin de ne pas céder par fatalité à isoler celui-ci par l’intérieur, voire en utilisant potentiellement des matériaux ne respectant pas ces attentes « carbone » (doublage BA13, isolant laine minérale, enduits industriels classiques, etc …).

On pourrait penser à juste titre, que la non-isolation des murs aura cependant une incidence, même faible, sur les consommations de chauffage, et sera donc préjudiciable à la maîtrise de l’énergie, voire au rejet de CO². Toutefois, s’il est retenu une énergie décarbonée, telle l’énergie biomasse (par exemple ici chauffage par chaudière bois à pellets), cela n’entraîne pas de rejet de CO², et utilise de plus une énergie totalement renouvelable.

En effet, au risque d’être iconoclaste, la problématique n’est pas tant la consommation énergétique, si celle-ci est réalisée avec une énergie renouvelable et décarbonée, que les rejets de CO² qui actuellement participent à une modification significative de notre climat. Donc cette double optimisation croisée (énergie et carbone), est essentielle à traiter dans toutes interventions sur un édifice, quel qu’il soit.

Les exemples comparatifs ci-dessous entre :

  • le projet PIERRE VERTE,
  • le même projet réalisé en neuf et chauffé au gaz,
  • le même projet exploité en l’état sans aucune restructuration,

montrent parfaitement l’impact important sur les rejets de CO², et ce faisant l’avenir de la planète.

En préalable et pour rappel, les matériaux bio et géo-sourcés utilisés sur le projet de PIERRE VERTE, en ce qui concerne les deux phases de restructuration représentent :

  • 46 Tonnes de bois
  • 51 Tonnes de terre crue,
  • 1,35 Tonnes de fibre de bois,
  • 340 m² x 40 cm = 136 m3 Ouate de cellulose

Soit un total de près de 60 kg/m² SDP, ce qui situe le projet très au-delà du niveau 3 (36 kg) du Label Biosourcé.

Résultats

Pierre Verte

Restructuration = 107 Tonnes de CO²
Exploitation = – 0,2 Tonnes de CO²/an

Bilan à 50 ans
= 97 TCO²

même bâtiment neuf chauffé au gaz

Construction = 551 Tonnes de CO²
Exploitation = 1 893 TCO² /an

Bilan à 50 ans
= 2 444 TCO² (x25)

bâtiment existant en exploitation

Exploitation = 8 341 TCO² /an

Bilan à 50 ans
= 8 341 TCO² (x86)

Agir en faveur du climat

Le bâtiment PIERRE VERTE a généré pour la totalité des deux phases de restructuration un impact carbone de 107 tonnes de CO². Le bâtiment étant à énergie positive, il décompte du carbone tous les ans étant plus producteur d’énergie qu’il n’en consomme. Sur le bilan d’une ACV (Analyse de Cycle de Vie) globale basée sur 50 année d’exploitation, le bilan final à 50 ans est de 97 Tonnes de CO² ; ce qui reste extrêmement faible.

Pour comparaison le même bâtiment construit en neuf sous RT 2012 et chauffé au Gaz, aurait à minima (en tenant compte des matériaux biosourcés très favorables mis en œuvre ici), généré 551 tonnes de CO² pour sa construction et 1 893 Tonnes de CO² pour son exploitation durant 50 ans, soit un impact final à 50 ans de 2 444 Tonnes de CO², soit 25 fois plus que PIERRE VERTE.

Si le bâtiment antérieur avait continué d’être exploité en l’état il n’y aurait pas eu d’incidence de construction ou de restructuration, mais son seul différentiel de consommation amènerait un impact final à 50 ans de 8 341 Tonnes de CO², soit 86 fois plus que PIERRE VERTE. Ou autrement dit, après restructuration, le bilan de PIERRE VERTE ne représente plus que 1,16% de l’impact antérieur de l’exploitation du même bâtiment.

En résumé : Sur la durée du cycle de calcul d’une ACV (Analyse de Cycle de Vie), qui est normée sur 50 ans :

  • la restructuration du bâtiment de PIERRE VERTE et son exploitation durant 50 ans, représentent moins de 100 Tonnes de CO².
  • Le même bâtiment construit en neuf, en utilisant les mêmes matériaux biosourcés dans son concept interne, mais en ajoutant le poids de la construction du gros œuvre et de la couverture, et dans le cas de figure classique où ce bâtiment chauffé au gaz, serait exploité sur 50 ans, son bilan carbone représenterait 2 444 Tonnes de CO² soit 25 fois plus,
  • Le même bâtiment non restructuré et laissé en exploitation durant 50 ans, son bilan carbone représenterait 8 341 Tonnes de CO² soit 86 fois plus.

Pour comparaison : 1 voyage Aller/ Retour en avion de Paris à Nouméa pour 1 personne représente 10 Tonnes de CO². Un groupe de 10 personnes effectuant ce voyage génère dans l’atmosphère l’équivalent de la restructuration complète de PIERRE VERTE et son exploitation durant 50 ans. « Après restructuration, le bilan de PIERRE VERTE ne représente plus que 1,16% de l’impact antérieur de l’exploitation du même bâtiment. Cela doit également interroger les décisions de chacun dans ses modes de vie et de transport, pour ne pas laisser aux seuls bâtiments la charge d’une action vertueuse en faveur du climat. Cela montre à l’évidence où se situe le combat à mener pour agir sur le changement climatique : rénover oui, mais pas n’importe comment.

DECOMPTE CARBONE 

Un élément important est également à noter : Lorsque l’on procède à une ACV (Analyse de Cycle de Vie), dans le cadre d’un bâtiment existant en restructuration, on décompte pour les matériaux conservés le poids carbone restant entre leur date de mise en œuvre et la limite du calcul fixée à 50 ans. Si le bâtiment a été construit voici 30 ans, on imputera pour les matériaux conservés un poids carbone des 2/5ème restant, afin de prendre en compte que l’impact de ce poids carbone initial a déjà été absorbé depuis 30 ans. Si le bâtiment a 50 ans, les matériaux existants seront comptabilisés pour un poids carbone de 0, car ils auront été « amortis ».

Cependant, dans le cas d’une date de construction antérieure à 50 ans, cette même valeur restera à 0, l’amortissement étant déjà compté (tel un ratio de comptabilité).

En réel cela n’est pas normal, et le législateur devrait s’interroger plus finement, car dans le cas d’un bâtiment comme PIERRE VERTE, dont la construction date de 250 ans, cela signifie que ce bâtiment a rendu ses services fonctionnels durant 5 fois la période 50 ans. Il a donc capitalisé, ou autrement dit évité, une dépense carbone importante durant 5 fois, comparé au renouvellement d’une construction classiquement obsolète au bout de 50 ans (voir la valeur de différentiel de 551 tonnes concernant la partie construction gros œuvre et couverture dans notre comparaison d’exemples), 

Dans le cas d’un bâtiment patrimonial, dont la qualité constructive est indéniable, ce qui lui permet de braver les siècles, il serait donc totalement fondé de décompter le poids carbone du nombre de cycles supplémentaires de 50 ans concernant les matériaux conservés.

Dans notre cas, nous pouvons prendre pour valeur le différentiel induit par la valeur carbone du gros œuvre et de la couverture de l’exemple de la construction neuve. Dans ce comparatif, pour le projet construit en neuf, il a été retenu tel qu’évoqué, comme poids carbone supplémentaire, uniquement la valeur des matériaux nécessaire pour construire actuellement les murs et la charpente (soit 20 cm béton + charpente et isolation classique réglementaire sur ces parois) ; et non bien sûr la reproduction des murs (antérieurs de 63 cm d’épaisseur, avec des encadrements massifs en pierre, ainsi que des poutres de charpente en chêne massif de 40 cm de section). Sinon la pénalisation carbone serait nettement plus élevée. Ce différentiel pèse donc à minima tel que pris en compte précédemment pour 551 Tonnes de CO². Dans le cas du décompte carbone d’un bâtiment ayant dépassé 5 fois le cycle de 50 ans, il faudrait prendre en compte ici, 5 fois 551 Tonnes de CO², soit – 2 755 Tonnes de CO² à décompter. Le bâtiment étant de plus à énergie positive (donc produisant annuellement plus d’énergie qu’il n’en consomme), son empreinte carbone deviendrait totalement neutre, et capable d’absorber de ce fait à nouveau de nombreuses autres restructurations complètes, en restant toujours positif.

Valoriser le patrimoine



Cette réflexion ci-dessus sur le décompte carbone, lorsqu’un édifice a dépassé la valeur du cycle de référence de 50 ans, doit interpeller le législateur. Nous disposons d’un fabuleux patrimoine, à travers les bâtiments anciens de nos villes et villages. Ce stock carbone doit être réellement valorisé à sa juste valeur, afin de montrer tout l’intérêt de restructurer des bâtiments anciens, voire patrimoniaux, notamment lorsque la qualité de leur conception architecturale, leur assure de durer plusieurs cycles de vie. Cela n’est pas vrai de nombreux bâtiments construits depuis plus d’un demi-siècle, dont la plupart ont déjà été plusieurs fois restructurés, voire souvent totalement déconstruits, aux vues de leur peu de durabilité ou de pertinence patrimoniale. Œuvrer pour le changement climatique c’est aussi clairement valoriser ce qui y contribue, sachant que les premières tonnes de carbone évitées, sont celles que l’on ne consomme pas.

PIERRE VERTE a été récompensé le 25 mai 2023 par la Labellisation BDO Or en dernière phase USAGE, avec 90 points sur 100, confirmant la qualité et la performance exceptionnelle de cette restructuration.

Usage des lieux
espaces locatifs